Published by Inge Geerdens, on 21/06/2008
Une grosse panique a envahi le pays il y a quelques semaines lorsque le personnel de la SNCB a pris les Belges en otage. La veille de la grève générale, les experts prévoyaient des embouteillages d’Arlon à Ostende. Fausse alerte : le trafic sur autoroute n’a jamais été aussi fluide.
Logique. Un grand nombre de personnes s’était préparé. Une minorité a pris congé alors que la majorité a décidé de travailler à domicile. Autant dire que le lendemain, les nouveaux télétravailleurs ne se sont pas plaints. Ils ont même pu grandement avancer dans leur travail: pas de distractions, peu de coups de téléphone, pas de collègues pour vous interrompre. Le rêve.
Un télétravailleur travaille plus qu’un employé au bureau. C’est en tout cas ce qu’a déclaré dans un article le directeur d’une grande entreprise américaine d’informatique. Et je suis tout à fait d’accord. Du moins, tant qu’il s’agit d’un télétravailleur consciencieux.
Le télétravail peut aider. Surtout si vous devez faire un travail requérant toute votre attention et que vous êtes pressé par le temps. Vous êtes dans votre cocon et vous vous concentrez sur votre clavier. Les enfants sont à l’école, votre partenaire au travail; vous travaillez dans une oasis de calme. Si bien que vous terminez votre tâche en moins de deux. Il faut vraiment être fou pour travailler ailleurs que chez soi, pensez-vous certainement.
Pourtant, je ne suis pas une fan du télétravail systématique. Dans un monde idéal il devrait être possible, mais dans la pratique cela dépend de l’employé. Les consciencieux peuvent travailler tant qu’ils veulent à domicile. Mais qu’en est-il de ceux qui “pratiquent l’esquive” ? Un télétravailleur qui passe sa journée sur le sofa remet en question toute votre politique de télétravail. C’est dommage pour les employés qui travaillent dur à domicile.
Le télétravail a aussi des répercussions importantes sur l’entreprise. Comment contrôler ses télétravailleurs ? Je ne suis pas une émule de Big Brother, mais je paie mes employés pour travailler, pas pour repasser. D’autres questions se posent. Qui prend en charge les frais de connexion internet et d’aménagement du bureau à domicile ? Quid de la voiture de société ? Les employés sont-ils prêts à partager leur auto avec d’autres télétravailleurs ? Vous voyez, le télétravail est plus facile à promettre qu’à mettre en place sans engendrer de nouveaux coûts.
Je suis peut-être naïve, mais je suis persuadée que la très grande majorité des employés n’aimeraient pas travailler à domicile toute l’année. Qu’en serait-il des discussions si agréables au bureau, des repas entre collègues ou simplement de l’atmosphère inimitable d’une entreprise qui tourne bien ? La solitude pèse lorsque vous allumez votre ordinateur portable le matin, seul, chez vous. Et même si un peu de télétravail fait du bien de temps en temps, nous restons avant tout des animaux sociaux. Et c’est très bien ainsi.
(Ce ‘billet’ est paru également dans L’ Echo)
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