Published by Securex, on 05/01/2014
Aujourd’hui, on trouve encore des personnes qui minimisent les risques liés aux changements climatiques, même si les experts nous mettent en garde depuis des décennies. Les signaux se font toujours plus clairs. Au plus nous tardons à rechercher des solutions, au plus difficile il nous sera de les trouver. Nous constatons une même attitude dans la discussion sur le marché du travail. On y observe de même une intensification évidente de la charge du travail, et ici aussi, on traite sans doute le problème bien trop à la légère, comme le signalait récemment un article d’opinion de Jan Denys (De Morgen, 20/11/2013).
Le nombre de cas de burn-out parmi la population active reste heureusement encore fort limité, mais il est en hausse, c’est certain. Il est difficile de dresser le tableau du burn-out, d’une part à cause des définitions divergentes, d’autre part vu le tabou sociétal qui l’entoure, même encore aujourd’hui. J’éprouve moi-même des sentiments mitigés face au débat qui s’est déclenché ces dernières semaines. Le débat a pour avantage que le thème n’est, enfin, plus passé sous silence, mais l’inconvénient est que le débat ‘en inspire’ d’autres. En d’autres termes, le burn-out devient une notion passe-partout pour plusieurs aspects se rapportant au stress et à la pression du travail. Comme un rhume est parfois perçu comme un état grippal, on confond peut-être trop vite état de stress et burn-out.
Mais il y a des signaux indicateurs clairs qu’un problème se pose bel et bien, comme nous le révèle également une étude de Securex. En premier lieu, nous observons une hausse des absences de longue durée pour cause de maladie. Dans la première moitié de 2013, ce type d’absence a augmenté de 14 %. Ceci coûte bien cher aux employeurs et constitue une charge importante pour notre sécurité sociale. En outre, la moitié des travailleurs qualifient la charge mentale ressentie au boulot comme étant trop élevée. Les gens ont de plus en plus le sentiment de ne pas être en mesure d’accomplir leur travail d’une manière durable.
Tout cela est en effet lié à la « qualité du travail ». Celle-ci est fonction de la charge de travail, des possibilités de régler son travail dont dispose une personne (par ex. le fait de pouvoir aménager librement ses plages horaires) et du support social dont elle bénéficie (par ex. de la part de ses amis, de sa famille). Certains aspects qualitatifs du travail se sont fortement améliorés ces dernières années, c’est indéniable, comme le révèle la Eurofound Working Conditions Survey de 2012. Cette même étude démontre toutefois aussi que l’intensité du travail s’est accrue. Les clients sont devenus plus assertifs, les habitudes de consommation sont en train de changer, la pression de la concurrence s’est renforcée dans tous les secteurs, et les entreprises doivent faire bien plus aujourd’hui pour atteindre les résultats préconisés. Parallèlement à cette augmentation de la pression au travail, on note de même une hausse de l’intensité du travail, qui ne peut être compensée que si l’on parvient à sauvegarder voire même à augmenter la qualité du travail fourni. Il est vrai que le Belge est toujours satisfait de son emploi et des conditions du travail, mais en soi, ce constat n’est pas fort pertinent. Une personne peut également être satisfaite d’un emploi de moindre qualité. Voire même du seul fait d’avoir un emploi, quelle qu’en soit la qualité.
Mesurer la qualité du travail n’est pas chose simple. Les résultats sont divers. Mais ici aussi, nous observons plusieurs signaux préoccupants. La Eurofound Working Conditions Survey de 2012 fait également apparaître que 38 % des Belges effectuent des emplois de moindre qualité ou déséquilibrés. Seuls 22 % des Belges possèdent un travail vraiment activant, qui leur met au défi. Ici aussi, nous notons une croissance de l’insécurité au travail, qui porte déjà atteinte, en soi, à la charge supportable par les travailleurs et à leur sentiment de bien-être.
Nous pouvons nous bombarder les uns les autres de ces résultats d’études. Mais j’aime observer les choses avec un certain pragmatisme. La pression s’est certes accrue, dans un contexte lié ou non à la crise dont nous subissons les effets depuis cinq ans déjà. Mais les gens sont capables de supporter pas mal de choses. A condition que l’on crée le contexte approprié. L’amélioration de la qualité du travail doit devenir/rester la priorité pour les entreprises.
La qualité du travail dépend de la mesure dans laquelle une personne peut accomplir son travail d’une manière durable. Pour être en mesure de le faire, nous devons prendre le plus possible comme point de départ, les points forts, les besoins et les ambitions des gens. Nous devons évoluer, bien plus qu’aujourd’hui, vers du travail sur mesure, afin d’augmenter l’employabilité durable et la force vive des gens. Un emploi activant, qui a du sens, proposant des choix suffisants, voilà bien la recette pour un avenir durable, un engagement accru et de meilleures performances, et pour travailler plus longtemps. Et s’il faut malgré tout parler de burn-out : l’application des principes du travail sur mesure fera en sorte que de nombreuses personnes n’en arrivent heureusement jamais là. Ne pas minimiser, ne pas exagérer, mais s’attaquer au problème, voilà le message à faire passer.
(David Ducheyne, Chief People Officer de Securex)
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