Published by Guests, on 14/03/2020
Par Peter Hinssen (co-fondateur et associé de nexxworks)
Le capital-risqueur Sequoia a envoyé vendredi dernier un mémo urgent à tous les PDG des entreprises dans lesquelles le fonds a des participations. Le titre de ce mémo était révélateur : « The Coronavirus is the Black Swan of 2020 ». Dans des termes sans équivoque, les start-ups ont été averties que « l’hiver s’en vient » (« winter is coming ») ; autrement dit qu’il faut s’attendre à une baisse de l’activité commerciale dont les répercussions vont se faire sentir sur la durée. La chaîne d’approvisionnement mondiale est fondamentalement perturbée et il faudra longtemps avant que le rythme normal des rendez-vous et des voyages d’affaires ne revienne à la normale.
Le terme Black Swan fait référence au livre du même nom, écrit par Nassim Nicholas Taleb. Paru en 2007, l’ouvrage traitait de « l’impact de ce qui est hautement improbable ». Il acquit l’année suivante une renommée mondiale, quand survint effectivement un fait « hautement improbable » : l’effondrement presque total du secteur financier. Concours de circonstances, Taleb participera bientôt au festival And& de Leuven. À condition toutefois que celui-ci ait lieu, car dans le tourbillon global de malaise économique on annule presque tout en ce moment : depuis Tomorrowland Winter jusqu’au fabuleux festival South by Southwest à Austin.
Ces annulations sont l’illustration parfaite de la « folie des foules », magnifiquement décrite dès 1841 par le journaliste écossais Charles Mackay. Dans son livre, Taleb détaille en des termes colorés toutes sortes d’hystéries de masse. Le coronavirus fournirait amplement matière à un autre chapitre.
Sequoia n’est pas le premier venu. Depuis plus de 50 ans l’entreprise est l’un des fonds de capital-risque les plus prospères de la Silicon Valley. Mais c’est aussi l’un des acteurs les plus présents en Chine. Le mémo était clair comme de l’eau de roche : « Prepare for the worst ». Et le conseil donné aux start-ups est tout aussi limpide : jetez tout le lest par-dessus bord et tentez d’hiberner le plus longtemps possible avec le cash qu’il vous reste.
Il suffit de regarder Google, qui a été créé au moment de la plus grande crise de la Silicon Valley, soit le crash des dot.com au début 2000. Ou encore Airbnb, qui a pris son essor lors de la crise financière de 2008. Comme l’a si bien formulé Johan Cruyff : « Chaque inconvénient a son avantage ».
Ces dernières années on a beaucoup évoqué le concept VUCA : « Volatile, Uncertain, Complex and Ambiguous » (volatil, incertain, complexe et ambigu). Ces termes décrivent l’incertitude du monde des affaires au XXIe siècle. Le coronavirus est un cas d’école VUCA. D’un seul coup les budgets 2020 sont bons à jeter. On se demande soudain pourquoi avoir consacré tant de temps, lors du cycle budgétaire précédent, à fignoler nos budgets à deux décimales près, quand nous constatons dès le mois de mars qu’ils sont complètement inutiles. Taleb qualifie « d’anti-fragiles » les entreprises qui sortent renforcées d’une crise. Selon moi, il s’agit potentiellement « d’entreprises phénix » – pour reprendre le terme que j’ai utilisé dans “The Phoenix and the Unicorn” – capables de se réinventer constamment, même quand les choses empirent.
Sequoia recommande à ses start-ups de gérer leurs liquidités au plus près et d’opérer avec la plus grande parcimonie de moyens. Mais que devrait faire une entreprise traditionnelle ? Quels seraient pour elle les avantages de procéder ainsi ? Bien sûr les directives de Sequoia restent valables pour les entreprises traditionnelles ; mais peut-être y a-t-il quelque chose de plus à faire.
Je crois que cette folie des foules est une énorme opportunité pour avancer, à vitesse supérieure, vers l’avenir du travail. Curieusement ce sont souvent les conditions négatives qui incitent les entreprises à développer de nouvelles façons de faire. Pensons à l’augmentation des embouteillages, après quoi le travail à domicile a lentement décollé.
Mais désormais il s’agit d’un réveil massif. Regardez l’Italie, où 60 millions de personnes sont en quarantaine. Les entreprises peuvent utiliser ce cygne noir non seulement pour réagir financièrement, mais surtout pour repenser fondamentalement la manière dont nous travaillons : travailler plus souvent à distance, de façon plus flexible et davantage sur base de la confiance. Le coronavirus est peut-être le meilleur moyen de faire entrer les ressources humaines dans le XXIe siècle.
(Cette article est paru initialement en néerlandais sur tijd.be – traduction par HRMinfo)
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Lisez aussi: How can you plan for the Coronavirus affecting your business and its workforce?
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