Published by HRMblogs, on 15/12/2022
Par Par Bart Chiau ( professeur d’économie, UGent), Colin Sanders (associé scientifique, UHasselt) et Frank Eijsink (CEO, NN)
L’accord de l’été dernier sur la réforme des retraites n’est qu’un vague début de solution. Le gouvernement doit faire preuve de davantage de réalisme politique en prenant des décisions qui font primer le travail sur l’inactivité.
Juste avant la fête nationale, le gouvernement fédéral avait conclu un accord sur la réforme des retraites. Le Premier ministre De Croo avait qualifié cet accord d’un pas dans la bonne direction. Cependant, quiconque parle de direction doit également avoir un objectif clair et établir un plan pour l’atteindre. De cette façon, tout le monde sait quelles sont les prochaines étapes. Par conséquent, tout comme nous avons des objectifs et des plans en matière de climat, il est grand temps que le gouvernement élabore un plan national de retraite et en assure le suivi. Ce plan devrait garantir un système de retraite abordable, adéquat et équitable.
Supprimer les régimes préférentiels
L’âge auquel le Belge moyen quitte effectivement le marché du travail est parmi les plus bas d’Europe.
À peine 19 % des fonctionnaires travaillent jusqu’à l’âge légal de la pension.
Nous ne pensons pas que le bonus de pension réintroduit changera grand-chose. Le gouvernement doit montrer de manière plus claire qu’il est sérieux dans sa volonté d’augmenter le taux d’emploi des personnes de plus de 55 ans, en donnant l’exemple en premier lieu. À peine 19 % des fonctionnaires travaillent jusqu’à l’âge légal de la pension. Il devrait y avoir une feuille de route qui supprime tous les régimes préférentiels des agents de l’État dans les années à venir.
Renforcer les conditions de carrière
Le gouvernement a décidé, à juste titre, qu’il fallait avoir travaillé un certain nombre d’années pour avoir droit à la pension minimale.
Il s’agit d’une avancée importante. Pour la première fois, nous parlons d’années effectivement travaillées. Les conditions de travail doivent être augmentées progressivement, de sorte que le travail prime sur l’inactivité. Par conséquent, les personnes qui n’ont pas travaillé suffisamment d’années devront rester au travail plus longtemps.
Égaliser les carrières mixtes
Aujourd’hui, il faut être dans le même statut pendant 20 ou 30 ans pour avoir droit à la pension minimale. C’est complètement absurde dans le contexte actuel. Elle est déconnectée de la réalité et donc inappropriée, mais elle entrave également la mobilité de la main-d’œuvre, pénalise les personnes aux carrières mixtes et inhibe l’esprit d’entreprise. La solution est claire: passer à une condition de carrière unique d’au moins 30 ans dans tous les systèmes.
Décourager la retraite anticipée
Il est frappant de constater que, dans la mesure du possible, on veut décharger le groupe actuel des 55-65 ans de toute solidarité avec les jeunes générations. Ceci en introduisant des mesures transitoires et en ne prenant pas de décisions qui encouragent ce groupe à rester plus longtemps dans la population active.
Outre la carotte (le bonus de pension), le gouvernement doit également décider du bâton (le malus de pension). Par analogie avec d’autres pays européens, le malus sur les pensions pourrait être compris entre 3 et 6% par an. Une retraite anticipée de trois ans coûterait alors entre 9% et 18% du montant de la pension légale, et ce pour le reste de la vie du retraité. Faites en sorte que l’impact soit suffisamment fort, et les résultats suivront.
La sensibilisation et la communication doivent également faire partie de ce plan. La population, notamment les plus de 55 ans, doit prendre conscience que prendre sa retraite trop tôt n’est pas une bonne chose, surtout aujourd’hui. La meilleure façon de protéger le pouvoir d’achat est de continuer à travailler.
Faire preuve de réalisme politique
Le caractère abordable des pensions n’a pas été abordé dans l’accord d’été. Avec l’augmentation du montant moyen de la pension, l’allongement de l’espérance de vie et l’accroissement du nombre de retraités, il n’y a pas d’autre choix que de contribuer au système pendant une plus longue période. Cela n’est pas encore suffisamment présent dans la politique et le message donnés par le gouvernement.
Pour atteindre l’objectif d’un système de retraite abordable, adéquat et équitable, le gouvernement a donc beaucoup de travail devant lui. À cet égard, l’accord d’été n’est qu’un faible début. Il faut absolument plus de vision, de courage politique et de détermination.
(Cet article est paru initialement sur lecho.be)
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